Les vacanciers du mois de juillet auront bien remarqué les conditions météorologiques difficiles : au programme, averses à répétition et peu de soleil… Mais ce ne sont pas les seuls à avoir subi la pluie. Pour les abeilles et les apiculteurs aussi, l’été et la saison apicole entière ont été compliqués ! On parle d’une année blanche pour l’apiculture en 2021, contraste important avec une bonne année 2020.
Pour une bonne production de miel, il faut trois conditions : une ruche populeuse avec de nombreuses abeilles, de l’eau et du soleil. Le soleil n’a pas franchement été au rendez-vous et la production de miel est compromise cette année.
Beaucoup d’espèces de plantes ont été touchées par les mauvaises conditions climatiques de l’année 2021. Les épisodes de gel en avril ont brûlé les fleurs et les bourgeons tout juste sortis, notamment des acacias. Les averses incessantes de juin et juillet ont lavé les fleurs de tilleul de leur pollen et nectar, empêchant les arômes d’être captés par les abeilles. Le froid depuis le mois de mai a empêché les pucerons de produire le nectar des sapins, nécessaire aux abeilles pour la production du miel de sapin. La combinaison du vent, de la pluie et du froid a donc bloqué les abeilles dans leur ruche et les a empêchées de butiner un nectar et un pollen déjà peu abondant. En plus d’affamer les butineuses, l’humidité de l’air augmente aussi les risques de propagation de maladies, comme la loque.
Dans ce contexte, le plus important est de sauver les abeilles ! De nombreuses apiculteurs ont donc préféré laisser le peu de miel produit dans les ruches pour permettre aux abeilles de se nourrir. Certains ont même dû nourrir leurs abeilles très tardivement dans la saison pour qu’elles survivent. Malgré leurs efforts, on observe quand même une mortalité de 50% des abeilles dans certaines exploitations. Sans parler de la faible activité de ponte des reines, ce qui engendre un effondrement de la colonie.
Le résultat est donc une très faible récolte de miel de printemps et d’été pour l’année 2021 : réduction de 50% à 90% selon les exploitations et les régions. « Pour 40 ruches, nous avons récolté 15 kg de miel cet été, contre 150 kg en moyenne à la même période. », Michel Bellanger, président de l’association des Abeilles mayennaises (Le Courrier de la Mayenne, 19 août 2021).
Nous risquons donc d’observer une hausse des prix en France et une augmentation des importations depuis l’Espagne, la Chine et l’Ukraine. Cela va encore accentuer le déséquilibre de la balance commerciale du miel en France : en 2019, environ 73% du miel consommé en France avait déjà été importé (FranceAgriMer, 2020).
Les préoccupations des apiculteurs français ne s’arrêtent pas là. En plus des conditions climatiques, les changements dans l’agriculture observés depuis des années inquiètent. Les fleurs sauvages au bord des champs se font de plus en plus rares.
« Ce n’est pas tant le manque d’abeilles qu’il faut craindre, que le manque de fleurs. », explique Mathieu Domecq, apiculteur à Lavaur (La Dépêche, 15 août 2021). Pour remédier à cela, certains agriculteurs font preuve d’initiative et plantent vesce, moutarde ou bandes fleuries à l’intérieur ou en bordure de leurs champs. De quoi rassasier les abeilles voisines !
Des solutions existent, mais il est plus que temps de les appliquer, car le 6ème rapport sur le climat du GIEC paru dernièrement dresse un sombre tableau de notre avenir : augmentation des températures, de la fréquence et violence des événements climatiques extrêmes ou encore des émissions de gaz à effet de serre…